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    A la recherche du soldat Jedi

     

    soldat Jedi


     
    Le Pentagone, la CIA et certaines unités spéciales se sont-ils intéressés au paranormal ? Jusqu’où ont été ces institutions pour comprendre le fonctionnement de la conscience ? A première vue, l’armée américaine ou l’agence de Langley n’ont pas hésité à repousser quelques limites rationnelles ou éthiques pour mener à bien certaines recherches alors que la guerre froide rendait Américains et Soviétiques frénétiques. D’une certaine façon, la CIA et le Pentagone pensaient pouvoir faire de certains soldats d’élite, des Dark Vador capables de tuer à distance par la seule force de l’esprit, de convaincre l’ennemi de désarmer par l’usage de techniques de manipulation psychologique ou encore de se projeter mentalement dans des bases secrètes hostiles situées aux confins de la Sibérie.
    La possibilité de créer un super soldat et ou un super agent était, à une certaine époque, la quête du Graal Sacré pour la CIA et l’histoire de l’agence de Langley est riche en expériences portant sur le contrôle du comportement. Les tristement célèbres 149 sous programmes qui ont fait partie de MK-Ultra et qui ont généré un grand nombre de victimes en sont un exemple. Depuis la deuxième guerre mondiale, l’OSS puis la CIA se sont livrés avec un succès mitigé à un nombre impressionnant de recherches souvent totalement dénuées d’éthique pour comprendre le fonctionnement du cerveau et essayer de découvrir si certains pouvoirs surhumains, une sorte de supra intelligence, ne se cachaient pas au tréfonds de notre boîte crânienne. La CIA ne s’est donc pas uniquement contentée de chercher à faire de l’homme un vulgaire robot à la mémoire effaçable, un manchurian candidate qui pouvait tuer un homme suite à l’induction d’un état hypnotique actionné grâce à un mot code. D’où le nom d’opération Spellbinder.
    Pour des raisons dont le sens profond nous échappe encore, l’agence s’est adonnée à des expériences et des simulacres d’expériences sur le paranormal, l’ésotérisme, les pratiques rituelles, religieuses et la magie noire. Quelques informations ont transpiré de documents déclassifiés ou de témoignages d’anciens membres de l’agence ou de militaires à la retraite.
    Nous allons tenter de vous raconter quelques aspects de cette histoire apparemment incongrue où le Pentagone, la CIA ainsi que des corps d’élite de l’armée américaine ont flirté avec le paranormal.

    Opération Often
    Remontons à la fin des années 60. MK-Ultra et ses expériences sur le contrôle mental ne se révèlent pas aussi prometteuses que ce que l’on en attendait. Du moins ce que le Dr Gottlieb ainsi qu’Allen Dulles et ses successeurs, à savoir les autres directeur de l’agence en espéraient. Il faut travailler sur un nouvel axe de recherches, différent de l’emploi du traumatisme, des électrochocs, de l’hypnose et des drogues pour fabriquer des sérums de vérité, des super soldats et des espions indétectables, c'est-à-dire des espions qui s’ignorent. Il faut mettre en place de nouvelles armes, de nouvelles stratégies, un nouveau genre de soldat!
    De ce fait, à partir de 1969, le Dr. Stanley Gottlieb, du haut de son bureau directorial de l’ORD, l’Office of Research and Development, lance l’opération Often. Celle-ci vise à élargir le spectre des recherches sur les mystères de la conscience humaine, raison pour laquelle l’ORD se lance dans des spéculations sur le surnaturel, le paranormal, la magie noire et la démonologie. Often innove aussi dans un autre secteur, celui de l’influence du fonctionnement du cerveau par le biais des ondes et de l’électricité. Raison pour laquelle Gottlieb déterre les recherches du Dr. Delgado, scientifique espagnol ayant entretenu  de bonnes relations avec le pouvoir de Franco et de groupes d’extrêmes droite. L’intéressé avait mis au point au début des années 50 le Stimoceiver, le premier implant cérébral avec télécommande. Il s’agissait de perfectionner la technologie. Ce n’est pas cette histoire là qui nous intéresse.
    Pourquoi ce nom d’opération Often, traduisez par Souvent? Parce que «souvent», l’agence a été à deux doigts de trouver la solution grâce aux expériences de MK Ultra. Souvent, ils ont cru percer les mystères de la volonté, souvent, ils ont cru qu’ils allaient pouvoir faire de l’homme un robot, une marionnette obéissant au doigt et à l’œil.

    Des agents et des sorciers
    Avant toute chose, Gottlieb voulait que le personnel de l’agence appelé à travailler pour le programme Often soit familiarisé avec le monde de la magie noire et des forces de l’obscur. Par conséquent, l’agence entrera en contact avec les milliers de sorciers et de sorcières de la Wicca, la plus importante association de sorcellerie et de rituels magiques. Elle comptabilisera qu’il existait sur le sol américain «400 assemblées de sorcières animées par 5000 sorcières ou sorciers initiés… un marché florissant et des usines qui produisaient un éventail de plus en plus varié d’articles et d’objets antichrétiens. Satan n’était pas seulement en vie mais florissait dans le pays» ironise le journaliste Gordon Thomas (op cit : Les armes secrètes de la CIA, Nouveau Monde Editions, 2006). L’agence s’aperçoit en outre que la grande majorité des satanistes sont d’anciens dévots du christianisme, principalement du catholicisme parce que la religion chrétienne vaticane ne leur apportait rien. On commença alors à voir au siège de la CIA en Virginie, des agents en complet veston gris s’entretenir avec des mages barbus, des druides ressemblant à Gandalf le Gris, des diseurs de bonne aventure, des magiciens vaudous et des satanistes invocateurs de démons. De même, la CIA convoqua tous les médiums qui servaient les riches et les puissants, les astrologues des industriels, des sénateurs et des membres de la Maison Blanche. L’idée était d’explorer les forces noires et «la magie du chaos» et de voir s’il n’y avait pas moyen de tuer un ennemi par l’emploi de forces occultes. «Gottlieb finança même secrètement une chaire de sorcellerie à l’université de Caroline-du-Sud» rapporte Gordon Thomas. Cette période étonnante où l’on faisait tourner les tables et l’on apprenait les diverses pratiques rituelles dura au moins jusqu’en 1972.
    Est-ce de cette période que datent les relations entre les opérations de contrôle mental et les abus rituels et sataniques ? Cela semble logique mais les faits révèlent une autre réalité : les victimes d’abus rituels qui ont été en même temps embarquées dans des expériences de mind control évoquent des faits qui sont antérieurs à cette période, qui remontent à l’immédiate après-guerre. Qu’est-ce à dire ? Qu’un groupe occulte formé par des membres de diverses agences de renseignement, dont la CIA, était déjà en contact avec des réseaux d’abuseurs rituels bien avant Often et que les abus étaient instrumentalisés comme des sortes de mises en scène traumatisantes? Et que ce n’est qu’à partir de 1969 que l’agence chercha à comprendre plus scientifiquement le surnaturel? C’est une hypothèse qui se tient.
    La CIA ou l’armée américaine a exploré d’autres voies, tout aussi étonnantes, que celle des abus rituels et donc de l’opération Monarch : des voies qui conduiraient à l’édification d’un super guerrier et à des techniques destinées à confondre et dérouter l’ennemi. Tout cela nous amène alors à nous poser d’autres questions essentielles.

    Le Pentagone et le surnaturel
    Le gouvernement américain, l’armée ou la CIA prennent-ils vraiment au sérieux l’hypothèse de l’existence des phénomènes surnaturels ? Ou bien feignent-ils de le faire ? Ont-ils recours à des techniques paranormales en plus des techniques «classiques» (stratégie militaire, diplomatie etc.) pour remplir certaines missions et donc parvenir à certains buts? Les réponses à ces questions sont très déroutantes car à côté des opérations dites classiques, l’armée américaine ou le gouvernement ont démontré à plusieurs reprises qu’ils ont mené des actions que l’on pourrait qualifier de «paranormales». Incroyable ?
    Prenez les biographies quelque peu romancées de tous ces hommes, tantôt des militaires retraités, tantôt des consultants civils qui ont travaillé pour la CIA ou pour les services de renseignements de l’armée en qualité que psychic ou médium. De Ed Dames à Josef McMoneagle ou de Uri Geller à Ingo Swann, tous revendiquent être les rois du remote viewing, c’est à dire l’espionnage à distance. Dans leurs biographies, vous y lirez que l’armée ne plaisante pas avec la parapsychologie et qu’elle vise des résultats exploitables. Comme, par exemple, le fait de pouvoir localiser un prisonnier, des missiles, un sous-marin ou de visualiser à distance les installations d’une base secrète soviétique.

    Qu’entend-on au juste par espionnage ou «vision à distance»? La faculté de pouvoir se projeter vers une cible et de la visualiser, aussi incroyable que cela puisse paraître. Ne confondez pas la vision à distance avec les sorties hors du corps qui sont une autre technique. Le remote viewing est avant tout une technique de relaxation et de visualisation dans laquelle le remote viewer reçoit des coordonnés chiffrées d’une cible dont il ne connaît pas la nature à l’avance. On lui donne juste les équivalences des latitudes et longitudes sur une carte. Il doit décrire alors ce qu’il voit, souvent des ambiances, des couleurs, des formes qui se précisent graduellement en parties de paysages, parfois des personnages, etc. Bref des flashs qui tendent avec le temps à devenir plus précis. Est-ce fiable? A en croire les remote viewers, oui! Les militaires les ont-ils pris au sérieux? Selon ces médiums d’un genre particulier une unité spéciale aurait été créée avec ces psychics.
    Là où l’affaire devient nébuleuse, c’est lorsque l’on confronte les versions des protagonistes de cette affaire : les remote viewers ne doutent aucunement de leurs visions même si elles se révèlent parfois incohérentes, voire fausses en ce qui concerne certaines de leurs affirmations. Surtout lorsque certains viewers se sont projetés dans le futur pour prédire des catastrophes majeures qui n’ont jamais eu lieu.
    Chose encore plus étrange : la haute hiérarchie militaire a laissé s’exprimer sans entrave apparente ces explorateurs par l’esprit dans les médias. Le journaliste britannique d’investigation, Jon Ronson, qui a rédigé un livre portant entre autres sur ce sujet (The Men who Stare at Goats, Picador Editions 2006) a rencontré plusieurs de ces acteurs. Il est revenu avec des histoires édifiantes qui pourraient prêter à rire, surtout lorsqu’elles sont racontées comme le fait Ronson, avec un certain humour, sauf que l’on parle ici de choses très sérieuses.

    Le flop de l’affaire Noriega
    Lors de l’affaire du Panama, alors que la Maison Blanche voulait absolument mettre le général et dictateur Manuel Noriega en prison parce ce qu’il était impliqué au trafic de cocaïne mais que surtout, il n’était plus un partenaire fiable pour la CIA, une unité de remote viewers tente de visualiser sa cachette pour essayer de deviner ses intentions. On envoie un commando pour dissimuler des micros dans son refuge afin d’écouter ses paroles et vérifier si les informations captées par les remote viewers, à l’abri dans une base aux Etats-Unis, sont fondées et correspondent aux écoutes. L’affaire s’avère être un grand flop, non à cause des remote viewer mais parce que le commando chargé de planquer les micros est découvert. Les soldats espions sont coursés par les chiens de garde du général Noriega et parviennent à s’enfuir de justesse. Les micros et les caméras n’ont pas pu être correctement planqués. De son côté, Noriega, se fait aider par une sorte d’occultiste, adepte de magie noire qui le protège à l’aide d’incantations, de talismans, de grigris et autres crucifix retournés. Il croit, à juste titre, dans son délire paranoïaque, que la CIA et les Américains comme tous ses ennemis font appel à des magiciens noirs ou des sorciers vaudous. Noriega était très superstitieux et croyant. Cette anecdote incroyable mais vraie montre qu’effectivement, des armées en conflit peuvent avoir recours au paranormal. En ce compris des groupes terroristes.

    Une unité parapsy d’Al Qaeda ?
    Eté 2001. Des rapports de surveillance du FBI montrent qu’une branche d’Al Qaeda a tenté de mettre sur pied une unité de tueurs et d’espions «psys», adeptes d’arts martiaux magiques. La CIA a bien essayé de leur tendre un piège. Comment le sait-on ? Au moins deux membres du commando du 11 septembre qui étaient basés en Floride ont approché l’un des maîtres en arts martiaux qui aurait enseigné aux forces spéciales américaines quelques techniques «magiques» de combat mais qui n’ont rien à voir avec le remote viewing. Ce sont plutôt d’étranges techniques d’assassinat très efficaces, basées sur l’usage de points de pression et de points sensibles du corps. Les lecteurs qui ont vu certains films d’arts martiaux comme le baiser mortel du dragon, comprendront de quoi il s’agit. 
    La légende –en est-ce une ?- veut que certains maîtres sont capables d’arrêter le cœur d’un ennemi à distance par la volonté. Nous en reparlerons. Quoi qu’il en soit, même les islamistes se sont un temps intéressés aux spécialistes martiaux qui avaient enseigné aux forces spéciales de même qu’aux membres de l’unité des psychics. En fin de compte, les membres de ce groupe d’Al Qaeda n’ont pas poursuivi leur idée d’entraînements aux techniques spéciales de combat, préférant se concentrer sur l’école de pilotage.

    Les gouvernements, le paranormal et les rituels
    Reagan ne pouvait prendre une décision sans consulter une médium spécialiste des horoscopes et d’astrologie. On dit la même chose de François Mitterrand mais les «mauvaises langues» affirment que cet amateur de femmes était peut être plus attiré par la plastique de son astrologue que par la qualité de ses prédictions. Mitterrand et Reagan sont loin d’être les seuls dans ce cas. Les dictateurs également. De Hitler à Staline, de nombreux dictateurs faisaient appel aux ficelles du paranormal.
    La parapsychologie et l’ésotérisme auraient servi à d’autres fins dans certains cercles du pouvoir. D’étranges rituels sadiques à fortes connotations sexuelles seraient des sortes de mise en scène, d’armes de terreur psychologique dans le but de traumatiser des victimes. Le but était de générer ce que l’on appelle le syndrome de personnalité multiple, clé de voûte de l’opération Monarch. Les rituels sadiques, l’invocation de démons, l’usage de déguisements par des psychiatres et des militaires dans le cadre d’expériences qui tenaient plus de la cérémonie satanique avaient pour effet de créer des espèces de robots, qui une fois entrés en transe, accomplissaient les missions qui leur étaient assignées. Cette opération Monarch, fort polémique et complexe, pour être correctement comprise, mérite qu’on y consacre un dossier, ce que Karmapolis a fait. Mais ce qui retient notre attention ici, c’est que l’on a employé le paranormal ou des mises en scène dans des buts de manipulation du comportement. D’autre part, le réseau «Monarch», car en fin de compte, on peut bien parler de réseaux, a vraisemblablement surgi de la rencontre de deux milieux spécifiques : les services de renseignement, les militaires d’une part, les membres de réseaux d’abus rituels pédophiles et sataniques d’autre part. Cette rencontre peut sembler étrange, incongrue en apparence mais en réalité, ces deux «cultures» ne sont pas si étrangères l’une à l’autre. Aux Etats-Unis, certains membres des services de renseignements ainsi que d’unités militaires dépravés par l’usage du pouvoir appartiennent par essence à une culture étrange, violente, faite de rituels mondains secrets basés sur une sexualité transgressive et l’abus de drogues, de clubs occultes d’officiers et d’hommes d’affaire. C’est du moins ce qui ressort des témoignages des victimes d’abus rituels. L’élite, la «haute société», bien qu’elle s’en défende, a toujours fait bon ménage avec l’ésotérisme. L’histoire abonde en exemples.
    Toutes les nations ont été guidées par leurs croyances magiques de tout temps. Le dernier exemple connu est celui de l’Allemagne nazie et son Reich de 1000 ans.
    L’historien français, Patrice d’Almeida, a consacré un ouvrage sur «la vie mondaine sous le nazisme». L’homme a longuement étudié le lien pouvant exister entre pouvoir, rituels mondains et violences. Dans un échange de courriers, l’auteur nous adressait cette conclusion : «je reste persuadé qu'il existe un lien obscur entre les façons de faire la fête et les formes de violences que l'on exerce contre les autres». Et dans l’introduction de son ouvrage, l’auteur y précise encore mieux sa pensée :
    «Etudier la vie mondaine, c’est donc aussi penser le crime sous son autre face, celle de l’assassin. Cet exercice est indispensable pour prendre la mesure de son acte et comprendre comment son indifférence à la souffrance d’autrui a été possible. Le lien étrange entre banquet et sacrifice, banquet et massacre explique en partie cette attitude. Une telle croyance animait les hommes des années 30. Ils baignaient dans une mythologie composite exaltée par les dirigeants nationaux-socialistes. Les divinités nordiques par exemple conviaient les guerriers défunts à un vaste banquet sous la présidence d’Odin. Le nazisme ne prétendait-il pas amener le ciel sur la terre ? Enfin, les sacrifices des Spartiates face aux Perses ou des Carthaginois face aux Romains n’étaient-ils pas des exemples enseignés dans les lycées depuis la fin du 19ième siècle…. Banquet, massacre des autres et consomption de soi ressortissaient à une conception eschatologique du monde qui supposait de prendre son plaisir par la victoire et la destruction de l’adversaire, et sinon de périr à son tour pour maintenir vivant un principe».
    Et par extension, pour paraphraser et poursuivre la pensée de Patrice d’Almeida, nous pourrions dire que les fêtes et les banquets sont des sortes de rituels où l’on peut légitimer le plaisir que l’on a à infliger de la souffrance à autrui ou encore des moyens de s’insensibiliser et se tourner vers la satisfaction et la protection des plaisirs de sa propre caste. Cela peut aller loin. Combien de fêtes, de concerts grandioses, de parties fines ont été données alors qu’une  guerre éclatait, que les ennemis frappaient aux portes d’une ville ? Lors de la chute de Berlin, de Saigon, et j’en passe, les fidèles d’un pouvoir en train de s’effondrer se livraient avec frénésie aux derniers rituels festifs.
    Ce qui nous amène à examiner sous un autre regard les assertions des victimes d’abus pédophiles et de pratiques sadomasochistes ultra violentes dans le cadre de «cercles mondains», groupements occultes de notables qui ont été dénoncés dans le cadre d’un certain nombre de scandales judiciaires comme l’affaire Dutroux ou l’affaire Allègre/Roche Mais la chose devient étrange dans le contexte de haute technologie qui caractérise les armées modernes. Serait-ce une survivance d’une violence et d’un pouvoir plus archaïque ? 

    Les recherches sur la parapsychologie ne font pas l’unanimité
    Les phénomènes paranormaux n’ont pas fait l’unanimité parmi les hauts gradés de l’armée US qui avaient été consultés pour donner leur avis sur ces recherches, le plus souvent pour des arguments d’ordre…religieux ! L’un des généraux chargé dans les années 80 de diriger les services de renseignement de l’armée –le Général Whicam- était fortement opposé aux unités de psychics parce qu’il était un fervent croyant. Selon l’intéressé, la Bible souligne avec insistance qu’il est extrêmement grave et contraire aux commandements divins de s’adonner à de la magie, de la sorcellerie. Pour Whicam, la torsion de cuillère à distance ou la médiumnité étaient des actes de sorcellerie et donc hautement condamnable.
    Un autre général, le général Stubbelbine III, patrons des forces spéciales au début des années 80, avait tenté, sans succès de persuader le général Whicam qu’il pouvait former une troupe d’élite d’hommes qui seraient capables de plier des cuillères à distance comme le faisait le célèbre Uri Geller, voire même de passer à travers les murs –le rêve inaccessible de Stubbelbine-, d’espionner aussi à distance des ennemis en devinant leurs intentions. Il lui fit même une démonstration de torsion de cuillère lors d’un cocktail mondain, ce qui horrifia Whicam et mena le général Stubbelbine à une retraite anticipée. La petite histoire raconte que ce pauvre Stubbelbine a passé des heures interminables à méditer devant un mur pour essayer de passer au travers.

    Des bulles d’irrationalité dans l’armée
    L’armée, la CIA et le paranormal sont emplis d’histoires de cette trempe, pleines de contradictions et difficilement déchiffrables. Plus on se penche sur les récits des hommes qui ont participé à ce type de guerre,  entre autres les biographies des remotes viewers ou encore les livres et articles de certains journalistes comme Jon Ronson, au moins on y comprend quelque chose.  Ronson, dans son enquête sur les recherches sur les phénomènes paranormaux au sein de l’armée, a été vraiment motivé par le fait que cette société à part qu’est la chose militaire n’a aucune raison de rester imperméable à l’irrationnel. Il a affirmé sur Internet à une collègue, Marian Wilkinson la chose suivante: “Je vois de l’irrationalité dans ma propre rue et dans ma propre vie et j’ai pensé la chose suivante: est ce que ce ne serait pas fascinant de voir que ces bulles d’irrationalité soient en fait partout. J’ai parié qu’on les trouverait aussi bien chez les politiciens que chez les militaires».(op cit: www.smh.com). Ronson ne croyait pas si bien dire ! L’irrationnel est une question de foi. Il s’épanouit là où le terreau des croyances fertilise la réalité. Le fin du fin est de savoir si les croyances ne changent pas de nature du réel, si d’une certaine manière, les croyances de certaines personnes prennent corps. Un peu comme l’effet placebo, ce faux médicament que l’on donne à des personnes qui se mettent à guérir ou à être soulagés de leurs souffrances. En fin de compte, le laboratoire de Princenton sur les anomalies (le PEAR ou Princenton Engineering Anomalies Research) étudie également ce que l’on désigne arbitrairement par le terme d’irrationnel, les liens entre la matière et l’esprit, sous cet angle. Ou encore, est-ce que par exemple, un esprit peut influencer à distance un ordinateur qui génère des nombres aléatoires ? La structure même de l’ADN peut-elle être modifiée par des influences «spirituelles» ? Des laboratoires de recherche émettent cette hypothèse avec le plus grand sérieux.
    Notre alternative est cruellement simple : face à l’irrationnel, à la pensée «magique», le tout est d’y croire ou de rester sceptique. Pourquoi l’armée et certains politiques sont-ils à ce point croyants ou bien feignent-ils de l’être pour que nous leur emboîtions le pas est la question à un million d’euros ? La manipulation de notre perception du réel n’est vraiment pas loin.

    Pourquoi le «paranormal» ?
    La CIA et l’armée américaine, toujours obsédées par des méthodes les plus en pointes d’espionnage, de combat et de formation psychologique de leurs personnels, ne se sont donc pas arrêtés, dans leur exploration de l’âme humaine à l’emploi de drogues psychotropes ou à l’usage de certaines longueurs d’ondes dans le cadre des armes psychotroniques. Aussi curieux que cela puisse paraître pour un groupe social apparemment très traditionaliste et conservateur, l’armée et les services de renseignement, ont discrètement enquêté sur le monde des hypnotiseurs, des maîtres zens, des pratiquants d’arts martiaux, des théoriciens des cakras, etc.
    Outre la vision à distance, l’armée américaine ainsi que les forces spéciales, traumatisées par la guerre du Vietnam permettront donc à d’anciens membres de ces commandos d’élite d’explorer tout ce que les Etats-Unis avaient pondu comme techniques «new age», de la méditation transcendantale au voyage astral en passant par le Feng Shui, la guérison psychique et la musique subliminale pour voir ce qu’il y avait à en tirer. Certains militaires, et pas des moindres, étaient en quête du soldat «Jedi» celui de Georges Lucas et du film Star Wars, sorte de moine guerrier irradiant d’énergie pacifique pour convertir l’ennemi par la douceur mais apte à devenir en un clin d’œil un combattant hyper efficace et prêt à faire usage de la force et de techniques d’assassinat hors norme. Certains hauts gradés ont rêvé de donner naissance à un bataillon d’hommes capables de passer à travers les murs, de devenir invisible, ou d’arrêter par la seule force de la volonté le cœur d’un ennemi. Cela ressemble à un vaste canular et pourtant l’armée ainsi que la CIA ont pris ces affaires très au sérieux. Qui sait si le monde du paranormal ne cachait pas quelques secrets qui pouvaient devenir à terme des armes très efficaces ?

    Opération Stargate et Grillflame
    Comme la rumeur courrait que les Soviétiques avaient recours à des médiums à des fins d’espionnage et d’interrogatoire (comme le fait de «lire» dans les pensées d’un prisonnier), le Pentagone et la CIA se résolurent donc à faire de même en dépit des convictions religieuses très traditionalistes de certains hauts gradés qui percevaient dans ces pratiques des odeurs de souffres ou bien encore, qui estimaient que tout cela n’était qu’escroquerie, perte de temps et donc d’argent. Mais il ne faut pas voir le haut commandement ou les pontes de la CIA comme une entité monomaniaque car certaines personnalités étaient ouvertes à bien des choses en apparence excentriques pour un esprit cartésien et comme le montre l’opération MK Ultra, bon nombre de «Docteurs Folamour» très imaginatifs avaient réussi à transformer cette opération en un cauchemar impitoyable.
    La CIA fit donc appel à des médiums aux talents reconnus comme Uri Geller, Ingo Swann, Andrija Puharich ou Josef McMoneagle. Mais surtout, elle accordera  à deux célèbres laboratoires des budgets considérables pour conférer à ces recherches un cadre et un protocole scientifique. Retenons d’abord les recherches entreprises au célèbre laboratoire des anomalies, le PEAR ou Princenton Engineering Anomalies Research mais aussi le tout aussi célèbre SRI, le Standford Research Institute dont les travaux sur le Remote Viewing, la vision à distance, seront pris en main par le mystérieux et insaisissable Dr. Harold Puthoff que l’on retrouve aussi bien dans l’univers des services secrets que celui de l’archéologie égyptienne ou encore dans l’entourage de James Hurtak et son «Conseil des neuf», sorte de concile de «supérieurs invisibles». Puthof est en réalité cornaqué dans cette opération par Sidney Gottlieb qui financera dès 1972 les recherches préliminaires sur la «vision à distance». Les recherches portant sur le Remote Viewing ou la télépathie prendra le nom d’opération Stargate ou «porte des étoiles».

    Révélations sur le Art Bell Show
    Il faudra attendre 1995, soit plus de 20 ans, pour que très étrangement et l’on ne sait au juste pour quelle raison, la CIA laisse diffuser des informations «secrets défense» sur l’opération Stargate et l’emploi de «psychics» dans des activités d’espionnage et sans doute de Mind Control. Peut-être est-ce parce qu’Ed Dames, l’un des membres de l’unité Stargate raconta son histoire, ses prédictions et l’étendue de ses supposés talents sur le show d’Art Bell, le plus célèbre show radio américain en matière de théories du complot, de paranormal et d’Ovnis. Ed Dames est sans doute le plus médiatique des Remote Viewers mais aussi le plus contesté, tant les révélations qu’il a faites lors des émissions dont il était un invité régulier étaient farfelues et ne se furent pas vérifiées : la prédiction de la mort supposée de millions d’enfants américains à la fin des années 90 à cause d’une étrange épidémie, le fait que les chiens sont à l’origine du Sida ; «que des champignons volants dans des containers extraterrestres détruiront toutes les récoltes aux Etats-Unis». Il a prédit des ouragans continus avec des vents de 450km/h obligeant les gens à vivre dans des bunkers souterrains, «que des Martiens allaient surgir des entrailles de la terre pour dérober des produits fertilisants à des compagnies américaines», des apocalypses sans fins et même des révélations sur des lieux où se trouvaient enterrés des trésors anciens, de l’or dont on a jamais vu la couleur en dépit de ses promesses réitérées.

    Le suicide de Heaven’s Gate
    Le plus étonnant est que Dames n’a jamais été discrédité ou puni par l’armée, son ancien employeur et qu’il a même été décoré. Tout cela a fait penser au fait que Dames était peut être un agent désinformant chargé de ridiculiser le sujet du remote viewing militaire. Car en fin de compte, ces prédictions remontent à 1995 et rien ne s’est encore réalisé. Il n’est pas le seul à s’attarder sur des événements similaires. Le Dr. Courtney Brown, un professeur d’université réputé, a pris des leçons auprès de Dames et s’est lancé dans le business du remote viewing avec succès. Son sujet de prédilection est le thème des extraterrestres, plus particulièrement celui des short grays, les «petits gris», l’alien typique des histoires d’abductions et des films hollywoodiens. Il a écrit un livre à succès sur le sujet -«Cosmic Voyage»-, un ouvrage très imaginatif, assez explicite sur la technique mais encore une fois totalement invérifiable. Brown se montre discret depuis quelques années, depuis qu’il s’est retrouvé mêlé indirectement à une sale histoire qui aurait abouti au suicide des adeptes de la secte Heaven’s Gate. Brown, interrogé sur le show radio conspirationniste de Art Bell avait expliqué aux auditeurs que la comète Hale Bopp était accompagnée d’un immense objet lumineux, aux proportions bien plus importantes que la terre, une sphère intelligente d’origine extraterrestre, une sorte d’énorme vaisseau spatial. Grâce au remote viewing, Brown avait exploré l’objet et il pressentait que cette sphère pouvait changer le cours de l’histoire de notre planète. A l’appui de ses dires, il y avait un photo de l’objet qu’un astronome amateur avait prise mais qui se révéla être un faux, ce que Brown ignorait. Par contre, les membres de la secte Heaven’s Gate n’avait pas perdu une miette de l’émission d’Art Bell, y puisant les dernières justifications de leurs «transferts» vers la porte des étoiles, bref de leur suicide. Dans les mois qui suivirent cet événement, l’école de remote viewing de Brown perdit tous ses membres. Mais apparemment, toutes ces mésaventures ne troublèrent pas les militaires qui ne se manifestèrent à aucun moment pour désavouer Brown et les auteurs qui donnaient des interviews ou écrivaient des livres sur le sujet de l’espionnage psychique et impliquaient directement l’armée, la CIA et le Pentagone.

    Unité fantaisiste ?
    Cette unité spéciale de remote viewers était tellement mal dotée financièrement qu’elle n’avait même pas de budget pour acheter du café. Elle résidait dans un immeuble délabré, apparemment désaffecté à Fort Meade en Floride. L’un des participants à cette unité de psychics, Lyn Buchanan, se confessant devant le journaliste britannique Jon Ronson, admit devant lui, s’être posé la question de savoir si cette unité n’était pas une unité «écran» de bras cassés, des fantaisistes, destinée à cacher au grand public l’existence de la vraie unité au cas où, un jour, une fuite ou un journaliste un peu plus fouineur aurait appris qu’un groupe de remote viewers travaillait pour les services de renseignement militaire ou la CIA.  «J’en suis venu à penser que nous étions là pour la seule raison d’être repéré… Si le National Enquirer avait un jour eu vent de tout cela, l’armée aurait pu répondre : oui, nous avons une unité secrète psychique, là voilà.» D’autant plus, se souvient Buchanan, que dans ce camp, à proximité de l’immeuble des psychics, il y avait un autre bâtiment, top secret cette fois, dont personne ne pouvait s’approcher.
    Cela tient d’autant plus la route à mon sens que l’armée a fait ce coming out sur le sujet en 1995 et que personne ne s’est opposé à ce que plusieurs remote viewers publient leurs confessions. Etranges confessions en vérité qui met sur le même plan l’espionnage de bases de sous-marins soviétiques que des voyages dans l’avenir,  sur des planètes lointaines comme Mars ou dans des communautés d’extraterrestres comme les «Petits Gris». A cet égard, le livre Courtney Brown – Cosmic Voyage- est tout simplement édifiant.

    Des scénarii de «X-Files» pour la guerre psychologique ?
    Avec toutes les personnalités qui s’illustrent dans ce tableau, apparaissent tous les ingrédients des épisodes de la série X Files sauf qu’ici, il ne s’agit pas de fiction mais bien de la réalité ou à tout le moins la réalité dans laquelle ces personnes croient et s’investissent : extraterrestres, ovnis, supérieurs inconnus et autres entités de l’invisible, entraînements des «enfants de l’espace» (de Uri Geller), télékinésie, mystères des pyramides de Mars et de Gizeh,  hypnose et contrôle mental. Pourquoi la CIA a-t-elle ouvert les portes de ce monde pour le moins déconcertant ? Par soucis de désinformation, éléments d’une guerre psychologique ? Une façon de captiver et en même temps d’influencer le milieu des ufologues qui ont l’art de s’intéresser de trop près aux projets aéronautiques secrets de l’Air Force ?
    La plupart des participants à ces opérations ont rédigé chacun leur autobiographie dans laquelle ils décrivent parfois par le détail le menu de leurs exploits paranormaux. Pourtant, toute une structure hiérarchique typique des «black programs» sera mise en place pour conserver le secret de ces activités : la création d’une unité «black» dont le nom de code est détachement «G» pour Grill Flame qui n’apparaît sur aucun organigramme officiel de l’armée ou de l’agence. Les rapports n’étaient remis qu’à un nombre très restreint des plus hauts gradés de l’appareil des renseignements et de l’armée.

     

    Le Moine, le Jedi et la Chèvre
    La création d’un moine soldat, sorte de super guerrier capable d’arrêter net le cœur d’un ennemi à distance par la simple volonté a également fait partie des fantasmes de l’armée américaine. Cela faisait-il partie de l’opération Stargate? Sans doute car l’on retrouve comme toujours derrière toutes ces opérations un personnage bien connu, le Colonel John Alexander. Il a été envoyé en Afghanistan ces derniers temps, parait-il, mais a refusé d’en dire plus à Jon Ronson, le journaliste qui a tenté d’y voir plus clair sur ses activités. Mais en tout état de cause, Ronson a réussi à retracer l’incroyable histoire de ces expériences et a révélé les noms de plusieurs personnalités, véritables soldats d’élite, anciens de Vietnam qui ont chacun à leur manière été marqué par ce conflit :  Michael Echanis, béret vert membre des forces spéciales, véritable moine soldat et héros de la guerre du Vietnam et sa contrepartie plus «zen», Jim Channon, également vétéran du Nam, également héros de guerre mais au tempérament totalement inverse d’Echanis.

    Echanis est devenu une sorte de figure culte des mercenaires, des fans de la revue Soldiers of Fortune dont il était l’un des rédacteurs en chef. Il s’est battu dans toutes les zones de guerre après le Nam car il ne pouvait pas décrocher de l’adrénaline des combats comme beaucoup de vétérans. Il est devenu instructeur en arts martiaux pour les forces spéciales et l’on disait qu’il était capable de mettre un homme KO à distance par la simple force de son «Chi» ; cette énergie qui, selon les conceptions des arts martiaux, est une composante fondamentale de la force vitale de l’univers et des êtres vivants. Echanis était un vrai dur à cuir et il serait mort au Nicaragua dans le cadre d’une opération antisandiniste à bord d’un hélicoptère piégé. Une autre version de son décès laisse entendre qu’il se serait laissé rouler volontairement dessus avec un 4-4 pour prouver la résistance de son corps. Le hic, c’est que le chauffeur lui a roulé dessus à pleine vitesse alors que ce petit tour ne fonctionne que si l’on roule au ralenti.

    Ronson a découvert dans le cadre de son enquête de terrain que les forces spéciales basées à Arlington en Virginie se sont livrées à toute une série d’expériences très exotiques pour découvrir comment tuer un homme à distance par la pensée ou bien comment devenir invisible aux yeux d’un ennemi. Dans un coin discret de cette base, il y avait un bâtiment en apparence désaffecté qui abritait une centaine de chèvres, les pattes entravées et dont on avait coupé les cordes vocales (pour qu’elles n’attirent pas l’attention) et qui ont été plutôt malmenées pour les besoins de la science. But de l’opération : vérifier si des soldats ne pouvaient pas arrêter le cœur d’une chèvre à distance rien qu’en la regardant. Ronson a tenté de tirer les vers du nez de plusieurs anciens des forces spéciales mais ceux-ci se sont montrés très réticents à répondre en détail aux questions. Certes, ce programme a bel et bien existé, le nom de Michael Echanis est revenu à plusieurs reprises dans le cadre de cette affaire mais l’on ne sait au juste si cela a marché. Un des témoins affirment qu’une des chèvres est morte mais que le soldat qui est parvenu à ses fins à failli mourir lui-même par une sorte de choc en retour, obéissant à la loi du «on récolte ce que l’on a semé». Est-ce un canular, une histoire vraie ? Dès que l’on explore cette zone des blacks  projects paranormaux de l’armée, on tombe dans un monde où l’information est aussi filante qu’une anguille.



    Le «First Earth Battalion»
    Jim Channon, également vétéran du Vietnam, une fois de retour du front, a convaincu le haut commandement des forces spéciales que les pertes étaient trop élevées parce que les soldats n’étaient pas assez rusés, pas assez finauds. Il fallait à tout prix trouver des techniques qui pourraient affiner leur sens, leurs perceptions et leur système cognitif. Mais également, créer un nouveau concept de soldats : des hommes qui irradient d’ondes bienveillantes mais qui sont capables de recourir à la force létale si besoin était. C’est ainsi que Channon en est arrivé à vouloir créer «the First Earth Battalion», à savoir «le premier bataillon terrestre». Une sorte d’unité composée de supermen de la paix, hybridation entre un moine zen et un chevalier Jedi. Le projet n’a pas plu au Pentagone mais les élucubrations de Channon ont été suivies de près par le Colonel Alexander. Channon a fait le tour de tout ce que la Californie a compté comme gourous, instituts de recherches New Age, etc. pour faire son rapport et se rendre compte de la situation. Tout n’était pas à jeter. L’utilisation de la musique par exemple. Channon a été rendre une petite visite à Steven Halpern, compositeur renommé, inventeur d’un concept de musique New Age chargée d’ondes et de bruits subliminaux qui modifient le comportement. Halpern explique que certains évangélistes très malins font appel à cette technologie lors de la quête dominicale car ils se sont aperçus qu’ils pouvaient tripler les montants récoltés grâce à cette technique subliminale.
    Se souvenant de diverses situations de combat en zone de guérilla, Channon a tenté d’en tirer les leçons pour éviter les morts inutiles. Il a voulu mettre au point une nouvelle génération d’armes. Il a par exemple inventé le concept de mousse ou de gel immobilisant qui sèche instantanément et que l’on peut projeter à distance grâce à une sorte de canon portable, immobilisant totalement l’adversaire. Ceux qui ont vu la dernière version cinématographique de l’incroyable Hulk comprendront. Channon avait imaginé ce genre d’armes pour équiper son «First Earth Battalion». Le Colonel Alexander s’empara également de cette idée excentrique qui fait aujourd’hui partie de l’arsenal de certaines forces spéciales. Cette mousse aurait été employée sans grand succès en Somalie lors de la tragique intervention de l’armée américaine ordonnée par Bill Clinton. On en aurait fait également usage en Irak ces dernières années mais aussi pour mater des révoltes dans des prisons. En fait, le rapport dressé par Jim Channon à la suite de ses recherches sur le concept de «First Earth Battalion» aurait inspiré Alexander dans la mise au point de certaines armes non mortelles qui, nous le savons, est son cheval de bataille.

    L’homme qui tuait ses hamsters
    Dans le cadre de l’entretien que Ronson eut avec Alexander, ce dernier finit par lui révéler l’identité de l’homme qui avait vraiment tué une chèvre dans le fameux «Goat Lab», le laboratoire clandestin abritant les chèvres. Il s’agirait d’un civil, Guy Savelli, un spécialiste en arts martiaux et en Kun Tao. L’homme réside aujourd’hui dans la banlieue de Cleveland en Ohio. C’est un père de famille nombreuse déjà d’un certain âge, toujours en pleine forme et entouré par ses adeptes qui ont l’air de lui porter un certain respect. Savelli, très méfiant de voir un journaliste débarqué brusquement dans sa vie à l’initiative d’Alexander, s’est montré d’abord relativement rétif à répondre aux questions de Ronson sur cette période mystérieuse et secrète de sa vie. Mais il finit par admettre avec une certaine gêne avoir participé à l’opération «Goat Lab» et être celui qui était parvenu à tuer une chèvre par le simple regard. Mais attention, cela ne se passe pas en un clin d’œil. A en croire Savelli, il faut regarder la chèvre pendant des heures et des heures pour arriver à ce résultat. Réalité, mensonge, mythomanie ? En tout état de cause, rien que la conversation téléphonique que Ronson eut avec Savelli vaut son pesant d’or. Ronson lui demande la chose suivante :
    «Je suppose que vous ne pratiquez plus cette technique aujourd’hui ?»
    «Non, je le fais encore» répond Savelli qui poursuit, la voix «pleine de tristesse et de regret» : «La semaine dernière, j’ai tué mon hamster».
    «Juste en le fixant des yeux ?»
    «Oui» confirme Savelli.  
    L’intéressé croit bon de préciser qu’il n’avait rien contre son hamster ou les hamsters en général mais souligne que ce jour là, le hamster le rendait dingue. «Il tournait en rond et en rond et en rond sans s’arrêter. Je voulais juste qu’il arrête de tourner en rond sans fin. J’ai pensé que j’allais le rendre malade de façon à ce qu’il se terre dans sa litière ou quelque chose du genre» Mais à la place, Savelli a tué le hamster. Ses enfants ont même enregistré l’épisode sur cassette car c’est apparemment dans l’habitude de la famille de mettre sur cassette tous les épisodes d’interactions étranges que Savelli a, à distance, avec des animaux. Savelli, de son propre aveu, a passé près de trois jours à fixer le hamster avant d’arriver à ce résultat. L’épouse de l’intéressé va alors chercher une cassette affirme à Ronson qu’il s’agit des 30 dernières minutes de la vie du hamster. Mais en réalité, on lui montre une autre cassette, tout aussi étonnante où le hamster ne meurt pas mais tombe les 4 pattes en l’air dans une sorte de coma après s’être comporté de manière vraiment bizarre. L’animal montrait des signes de stress évidents.
    L’histoire prête à rire comme nombre d’anecdotes rassemblées par Ronson mais elle jette un malaise dans la mesure où cette enquête, au-delà du côté burlesque et anecdotique montre que des gens prennent cette affaire très au sérieux et ont effectivement passé du temps à fixer des animaux pour les tuer par des procédés ésotériques que la science n’explique pas mais qui ont passionné le Pentagone. Reste à savoir ce que l’équipe d’Alexander a réussi à tirer de toutes ces affaires. Et cela, nous ne le serons sans doute jamais. Sauf qu’Alexander s’est intéressé de près à la musique et à la méditation, d’autres idées de Jim Channon.

    La machine à méditer
    Le Colonel Alexander s’est penché à la fin des années 70 sur les travaux du Dr Jim Hardt qui s’était installé dans une usine désaffectée d’une zone industrielle qui allait devenir célèbre dans le monde entier : la Silicon Valley. Le Dr Hardt travaillait  pour sa part sur une machine qui augmentait l’activité cérébrale des ondes alpha, bref une sorte de machine à atteindre artificiellement l’état méditatif d’un maître zen expérimenté et cela, sans effort. De plus, en reliant deux individus à cette machine, on arrive à obtenir d’étranges phénomènes de télépathie. Alexander s’est montré à la fois fasciné et hostile aux travaux de Hardt qui, lui, cherchait à faire connaître au grand public les propriétés de sa machine dans le cadre de séminaires relativement onéreux. Alexander devait sans doute savoir que dans l’un ou l’autre des laboratoires secrets de l’armée, des chercheurs tâtonnaient dans la même direction.
    Néanmoins, le Dr Hardt fut désigné par Alexander pour organiser un séminaire de méditation pour les officiers des forces spéciales. Cette «retraite», mot tabou pour l’armée, fut baptisée «campement méditatif» et fut un échec fracassant. Les hommes des forces spéciales s’ennuyèrent à en mourir, s’effondrant les uns contre les autres et tombant dans le sommeil. Les hommes des forces spéciales de Fort Bragg  se montrèrent de ce fait très hostile envers ce pauvre Dr.Hardt pour ces mois «de non sens et cette énorme perte de temps». Jusqu’à ce que le Dr.Hardt relie l’un de ces officiers à sa machine à entrer en transe et avec lui-même. Hardt se mit à pleurer, comme s’il était entré en communication avec une immense tristesse, celle de l’officier des forces spéciales. L’officier passa aux aveux et se mit à raconter sa vie et les raisons de sa dépression. . Un autre eut des visions, celle de son maître d’art martial qui n’apparut qu’à ses yeux. A la fin de ce séminaire, Hardt quitta Fort Bragg sans savoir ce que les militaires firent des drôles de résultats de cette expérience. Tout le monde sortit ébranlé de cette ultime session.

    La torture musicale
    On se souvient de cette scène épique du film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola dans laquelle une unité de troupes héliportée attaque un village tenu par les Viet Cong aux lances roquettes, planches de surf arrimées sur les côtés des machines aux rythmes des Walkyries de Wagner diffusées sur d’énormes haut-parleurs installés sur les hélicos. Cette scène n’est pas tirée de l’imaginaire de Coppola mais se base sur des faits authentiques. Michael Herr, qui servit de conseiller et de co-scénariste sur le film, en tant qu’ancien journaliste de guerre avait assisté à de pareilles attaques des unités des «Psy Ops», des unités de guerre psychologique. Mais l’usage de la musique comme outil de torture est bien plus neuve.
    Dans au moins deux cas, la presse a fait écho de l’emploi de sons discordants et de musiques dans le cadre d’opérations militaires et policières : la capture du Général Noriega qui s’était réfugié dans la résidence du représentant du Vatican à Panama et le siège de la secte des Davidiens et de David Koresh à Wacco. A Wacco, on leur passait d’étranges sonorités, une terrible cacophonie
    Jon Ronson estime pour sa part que l’emploi de la musique comme «arme» non mortelle, ou arme psychologique de torture a été inspirée par les fameux travaux de Jim Channon et son manuel sur le «1st Earth Battalion». Mais lorsque l’on examine la personnalité de Channon, le but de l’intéressé était beaucoup moins guerrier et plus «zen» puisqu’il voulait diffuser des messages, de la musique et des sons qui incitaient à la paix et au dialogue pour désarmer l’ennemi. Le côté coercitif était employé en dernier recours. Et le but recherché était de constamment désorienté et désarçonné l’ennemi par la nouveauté des méthodes. Channon aurait même contacté le gourou de la musique new age, Steven Halpern en 1978, auteur de «Music For Inner Space». Les sons employés par Halpern sont utilisés à dessein parce qu’ils se rangent dans des gammes de fréquences qui ont un effet apaisant, bénéfique, bref qui influence le comportement de l’auditeur. La musique de Halpern a par ailleurs été employée dans le cadre de méthodes d’apprentissage linguistique.
    L’héritage de Channon a été perpétué et transformé pour en tirer dans le cas présent une arme de torture, ce qui cadre parfaitement avec les résultats de certaines expériences de lavages de cerveaux effectués dans le cadre de l’opération MK Ultra.

    Tortures en Irak
    Un journaliste novice de NBC accompagna en pleine opération une unité de guerre psychologique lors de l’attaque américaine sur Bagdad. Là, il tomba par hasard sur une scène quasi surréaliste : des prisonniers américains étaient enfermés dans des containers dans lesquels on diffusait à plein volume une chanson de Metallica, un autre morceau fétiche des tankistes américains «Burn Motherfucker ! Burn !» et enfin, le pire sans doute, l’un des thème de l’émission enfantine «Rue Sésame» : «Barney the Purple Dinausor». (source : BBC News et Jon Ronson) Selon un journaliste de l’hebdomadaire Newsweek, Adam Piore, les morceaux qui sont diffusés aux prisonniers ne le sont pas par hasard mais sont sélectionnés au quartier général des PsyOps, des opération psychologiques de l’US Army à Fort Bragg, justement la base sur laquelle se trouve ou se trouvait installée l’unité spéciale qui s’occupe de tuer les chèvres à distance, le fameux «Goat Lab». Divers CD y sont gravés pour diverses missions, de la musique à des bruits distordant en passant par des moteurs de chars d’assaut pour faire croire à un ennemi qu’une unité de tanks arrive d’une certaine direction ainsi que d’autres effets spéciaux sur lesquels il est plus que certain que l’armée préfère garder le secret. N’oublions pas que les «armes soniques» sont très efficaces et font partie de l’arsenal très développé des armes non létales. Officiellement, le but de ces opérations psychologiques est louable : «ils s’agit d’écourter les conflits ou de sauver des vies… Ces techniques d’interrogatoires sont plutôt neuves et sont utilisées au même titre que la privation de sommeil» affirmait à la BBC Rick Hoffman, un vétéran des PsyOps. Pourquoi avoir sélectionné «Rue Sésame» ou Metallica ? A cela, Hoffman répond que ces musiques sont totalement étranges et étrangères pour l’oreille des Irakiens qui doivent se sentir très désorientés par l’écoute répétée de ces thèmes musicaux.

    Tortures : la face sombre et la face claire de la doctrine «Channon»
    Internet, la face claire
    L’enquête de Jon Ronson a mis en évidence des éléments très étranges et assez déroutants. D’abord, le manuel du parfait guerrier «zen», du moine soldat façon Jedi du «1st Earth Batallion» n’a pas été rangé dans une armoire poussiéreuse des archives des forces spéciales mais a inspiré nombre d’officiers de ce corps d’élite. Selon Ronson, l’équipe Bush aurait demandé à Channon et à certains membres des forces spéciales qui ont été formés par lui de «rempiler», de continuer à donner des conseils aux troupes combattantes afin que la guerre contre la terreur puisse être menée avec imagination et avec des moyens déconcertants pour l’ennemi. Ce manuel et l’esprit «Jedi» qui y est attaché aurait servi de catalyseur au développement des armes non létales, les fameuses «non lethal weapons» si précieuses au Colonel John Alexander et qui fait partie aussi bien de l’arsenal militaire que policier. Ronson a ainsi rencontré un ponte de la police de Los Angeles, véritable disciple d’Alexander et qui a dédié sa vie à développer ou imaginer un arsenal le plus large possible d’armes non mortelles, que cela aille de la mousse paralysante aux armes soniques en passant par des pistolets paralysants à décharges, des cylindres et des grenades contenant des gaz et des odeurs insoutenables (odeur de pourriture, d’excréments etc.). Faites une visite si vous en avez l’occasion dans les salons et foires commerciales de matériels de sécurité et de police et vous verrez que l’armement non létal proposé à la vente n’est plus l’apanage des militaires et est passé dans l’arsenal standard des unités de police anti-émeute. Autre conséquence du travail de Channon et son manuel : le réseau Internet. Au départ, Internet était une application d’une technologie américaine 100% militaire. Mais d’où proviendrait-elle exactement ? Lorsque Jim Channon a atterri à la fin des années 70 au cœur de l’élite des forces spéciales, les Forces Delta, un réseau de communication informatique aurait été mis au point par et pour ces membres de la  Task Force Delta à Fort Leavenwoth: le Meta Network. Ce serait le Colonel Frank Burns, un des meilleurs amis de Channon qui aurait lancé cette technologie, ayant en lui l’état d’esprit du manuel de Channon. Burns aurait même rédigé un poème sur le Meta Network, l’envisageant comme l’outil du futur, celui qui rapprocherait les hommes de cultures différentes pour le meilleur. «Si l’on ne tient pas compte du fait que les gens emploieraient surtout Internet pour avoir accès à de la pornographique ou à leur propre nom sur le moteur de recherche Google, les talents visionnaires de Burns sont admirables» ironise Jonson à ce sujet. Le manuel de Channon n’est donc pas une curiosité d’archiviste ou une anomalie de l’armée mais bien un état d’esprit qui, même sous une forme déformée, influence encore les décisions et le mental des gens des forces spéciales et des membres des unités PsyOps.

    En conclusion
    Les liens entre le Pentagone et le paranormal sont indubitables et il aurait été stupide de la part de l’Armée américaine de ne pas explorer cet univers pleins de promesses mais aussi de mirages. Certains de ces mirages peuvent également servir d’écran de fumée, d’outil de désinformation apte à désorienter la presse qui voudrait en savoir trop mais aussi les milieux ufologiques qui ont toujours été fascinés par toutes les rumeurs d’opérations exotiques de l’armée ou des services de renseignement. Pendant la guerre froide, les Américains ont été d’autant plus enclins à s’engager dans ces recherches qu’ils recevaient des informations inquiétantes selon lesquelles les soviétiques avaient fait des percées étonnantes, par exemple dans le domaine de la télépathie. J’ai reçu il y a peu une information selon laquelle les soviétiques avaient même tenté de faire des expériences de NDE, à savoir de provoquer des états de mort cliniques sur des prisonniers puis de les ranimer pour voir s’ils étaient capables de passer à travers les murs avec leur corps astral. Ces expérimentateurs russes ont eu le même rêve que le général Stubbelbine en employant des méthodes plus radicales que la méditation.

    Pas une fois, le gouvernement américain n’a rappelé à l’ordre les divers protagonistes de ces unités hors norme. Le secret n’était alors pas si important. Mieux encore : la médiatisation de l’affaire a servi de toute évidence les intérêts de gens comme Alexander. Ces milieux sont experts dans le domaine de la guerre psychologique et donc, de l’emploi des médias et de leurs effets sur le grand public. L’hypothèse la plus intéressante distillée par l’un des participants de «Stargate» est que ces expériences ont pu cacher les budgets et l’existence d’autres programmes bien moins avouables, plus stratégiques, moins éthiques.
    Le comble du côté «Magie noire» ou «Black Magik» n’est sans doute pas dissimulé dans les rêves de Channon, ni même dans les cauchemars qu’Alexander a voulu en tirer. Il se cache dans les liens existant entre certains personnages et réseaux de l’armée, des services secrets et le milieu des groupes pratiquant des abus rituel et sataniques.

    KarmaOne


    (Cet article est inspiré d’extraits du livre de Karma One en préparation : «Contrôle Total»
    Sous titre : L’histoire du contrôle de l’esprit et de ses réseaux. De Bluebird aux Mind Wars. Entre sociétés secrètes, sectes, rituels sataniques et théories de la conspiration).

     

    Source : http://www.karmapolis.

     

     

     

     


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